Une interview également disponible sur :

I.
II.
III.
IV.
V.

Introduction.
La recherche d'équipe.
Streamer, nouvelle activité à plein temps.
SSX avec SmithZz et RpK, pour le plaisir.
La communication autour du mental.

Déjà, on est en début 2024, donc comment vas-tu en ce début d'année ?

Écoute, je vais très bien, merci. J'ai une petite fille qui arrive pour fin mars, donc que du bonheur. Beaucoup dans les préparatifs de naissance. Pour ne rien te cacher, je commence à faire sa chambre la semaine prochaine. Beaucoup de beaux projets qui font plaisir.

On va aussi être aux HLTV Awards ce weekend, où je remettrai le prix du Closer of the year, comme c'est un peu mon rôle de prédilection. Puis, en plus, on joue les qualif' RMR avec les frérots donc c'est cool.

Que du bonheur !

Tu nous avais dit en mai que tu cherchais une équipe sur CS2, tu l'as encore confirmé récemment sur ton interview avec Thorin. Y a-t-il eu quelques contacts avec des organisations depuis le Major ?

Honnêtement, très peu. Depuis la fin de Nakama, je crois que j'ai eu deux contacts. Deux contacts c'est très peu et ce n'étaient pas des offres qui m'ont paru intéressantes. Donc, oui, je suis toujours sur le marché.

Maintenant, quand il n'y a pas de proposition, il n'y a pas de proposition et je ne vais pas non plus en accepter une qui, pour moi, ne fait pas sens juste pour avoir une équipe. Ça ne vaut pas le coup donc, écoute, on en est là. On est en stand-by de ce côté là.

Le temps ne me fait pas peur, je connais mes capacités, donc je m'en tape de l'âge ou de quoi que ce soit d'autre. En attendant, on est full focus sur le streaming. C'est cool, ça change, c'est sympa aussi et on essaie de faire fonctionner ça parce qu'il faut ramener des pépètes, c'est fini les salaires T1. L'argent c'est le nerf de la guerre partout dans la vie donc, voilà, c'est mon cas aujourd'hui.

Dans cette interview avec Thorin, tu disais que les organisations visent aujourd'hui plutôt les jeunes prospects que les anciens comme toi. Dans le sens inverse, quel genre d'organisation vises-tu ?

Je n'ai rien de bien précis en tête, il faudrait juste que le projet face sens en fait. Évidemment, le best serait d'avoir une propo d'une équipe vraiment dans le T1, genre dans le Top 10, Top 15 ou même Top 20, c'est quelque chose qui me botterait plus.

Après, je suis complètement ouvert à même rejouer plus bas mais soit dans une équipe qui a déjà une base solide, et qui n'a besoin que d'un changement de joueur dans mon profil, soit dans une équipe avec une ou deux personnes plus d'expérience, comme moi, accompagnées de plus jeunes pour essayer de faire un bon mix par exemple à la Vitality ou à la ENCE, à l'époque, où Snappi était vraiment aux commandes et a fait monter des joueurs. Soit l'un, soit l'autre, après vraiment je n'ai pas de préférence tant que ça fait sens et que ça me donne envie.

shox, présent sur La Coupe #4 terminée à la second place avec VeryGold

J'ai testé pas mal de choses ces deux-trois dernières années, depuis la fin de Vitality, et s'il y a un truc que je peux retenir c'est que ça ne sert à rien de se forcer dans un rôle qu'on ne te donne pas vraiment. Il faut savoir rester à sa place et tout simplement profiter. Peut-être que, par moment, par trop envie de gagner, j'ai voulu trop faire et au final ça m'a porté préjudice.

Aujourd'hui, je recherche tout simplement un équilibre où, moi, en tant que personne et joueur, je m'épanouis.

Surtout en étant papa une "seconde" fois d'ici quelques mois.

Est-ce que, par exemple, une équipe comme Into The Breach, qui monte un petit peu mais qu'on ne voit quasi pas en lan, qui grind énormément en ligne, pourrait t'intéresser vis-à-vis de cet équilibre dont tu parles ?

Le rythme de vie, à l'heure actuelle, c'est quelque chose qui ne me fait pas forcément peur, je pense que tout est gérable. Tu le disais, je suis quand même beau-père depuis 2016 d'un petit qui avait 5 mois à l'époque, donc avec ma femme on sait comment gérer tout ça. Évidemment, maintenant, avec deux enfants il y aura plus de sacrifices à faire.

Maintenant, tout dépend à quel point ça en vaut la chandelle. Que ce soit moi, en terme d'épanouissement. Que ce soit, il faut le dire, au niveau du salaire. Demain, on te propose 15 000 pour voyager, tu peux essayer de t'arranger, si on te propose 3 000, la balance n'est pas folle et dans ce cas, ça ne vaut pas le coup.

Mais oui, je suis ouvert à tout, même grind le online comme tu le disais dans des équipes un petit peu plus basses et essayer de les faire monter, c'est quelque chose qui peut clairement m'intéresser. De toute façon, comme je te disais, je n'ai pas de critère prédéfini tant que ça fait sens pour moi et où je sais que je vais pouvoir m'épanouir.

Plus on avance, plus c'est cool pour tout le monde. Que ce soit pour les gens qui nous suivent, pour les petits jeunes ou même pour nous.

En étant sûr aussi, d'avoir des gens qui ont la motivation pour grind et qui ont la bonne mentalité. Parce que j'ai eu des expériences sur les trois dernières années où, au final, je me suis beaucoup donné et je ne trouve pas que mes teammates me l'ont forcément rendu ou ont donné autant que moi. Je sais que quand je me lance dans quelque chose, j'y vais à 200 % ou je n'y vais pas.

Donc, j'aimerais aussi être sûr que, si je joue, j'ai des mates qui soient dans la même mentalité que moi. Parce que, quand tu te mets à 200 % et que t'as le sentiment que tes coéquipiers n'en donnent que 50, c'est là où un fossé peut se créer puis devenir énervant, frustrant au point de te ronger mentalement, d'agir sur tes nerfs, sur ton comportement, ton quotidien, ta vie perso, et je ne vais plus de ça. Je veux être sûr que les mecs aient envie, s'ils n'ont pas envie, je ne veux pas jouer avec eux.

Justement, tu dis que quand tu fais quelque chose, tu le fais à 200 % et, en mai, tu nous disais que tu ne pensais pas à "l'après" car tu préférais rester totalement concentré sur ta carrière de joueur. Aujourd'hui, sachant que les offres n'arrivent pas, que t'es lancé dans le stream, as-tu ouvert cette réflexion sur la reconversion ?

On va dire que je ne me ferme pas de portes. Je suis ouvert à rester joueur, évidemment. Je suis ouvert, éventuellement, au coaching. Si le stream fonctionne, je suis ouvert à être full time là-dedans parce que je peux gérer mon agenda, je suis proche des gens, il y a plus de sociabilité alors que, quand t'es en équipe, t'es vraiment dans une bulle. La compétition et le streaming, ce sont deux milieux différents mais les deux milieux me plaisent. Je suis vraiment ouvert à tout à partir du moment où ça me rendra heureux.

Je ne sais pas de quoi sera fait 2024, mais si des structures comme Gentle Mates ou la KCorp décident un jour d'aller sur Counter-Strike, que ce soit sur la fin de l'année ou même en 2025.. Je ne sais pas où j'en serai dans ma vie perso, mais par exemple être coach dans une de ces deux grosses structures françaises, c'est quelque chose qui pourrait totalement faire sens. Ou alors joueur, si j'ai toujours la grinta et que j'ai toujours le poignet quoi, parce c'est toujours pareil, il faut avoir le poignet ! C'est bien de vouloir jouer mais...

Il faut cliquer !

Si à la fin je ne tue personne, ça ne sert à rien ! Vraiment, je suis ouvert à tout à partir du moment où le projet me donne envie. Si le projet me donne envie en tant que joueur, let's go ! Si j'ai un truc dans le streaming qui me donne trop envie, let's go ! Si j'ai un projet en tant que coach qui me donne envie avec des profils intéressants et la structure intéressante, let's go [Il se tape dans les mains à chaque "let's go"] ! Vraiment, tout dépend de ce qui est mis sur la table.

On va évidemment aborder le streaming. Est-ce que tu t'étonnes à aimer ça ? Pensais-tu que tu allais apprécier streamer comme ça, toute la journée ?

Pas vraiment. Évidemment, je n'ai jamais streamé full time, donc quand je streamais c'était toujours cool, "facile", en plus j'étais encore sur les devants de la scène donc j'avais facilement du monde. Et, à partir du moment où je n'étais plus sur les devants de la scène, je me suis aussi confronté à des chiffres bas en termes de viewership.

Je me rends compte que le contenu n'est pas facile, qu'il faut quand même avoir des idées parce que, si tu fais tous les jours la même chose, au bout d'un moment, les gens se lassent, ce qui est normal. Même moi, au final, je me lasse si je fais six heures de FACEIT tous les jours, tout le temps pareil. Ce que j'aime dans Counter-Strike, c'est la compétition, donc faire du FACEIT c'est cool mais si je fais ça toute l'année, je vais me tirer une balle, ce n'est pas non plus intéressant.

Je me rends compte, surtout, qu'il y a plus de difficultés et que créer du contenu demande vraiment du temps, de la réflexion et que ce n'est pas aussi facile que je l'aurais imaginé. Pas du tout infaisable, loin de là, mais ça demande aussi du temps en-dehors. Le truc c'est que quand tu stream, tu ne peux pas penser à ton contenu ou faire autre chose. Donc, c'est du temps en-dehors, comme quand t'es en équipe. Au final, je vois qu'il y a une charge de travail assez conséquente.

J'apprends à faire des choses même quand je n'ai pas envie de les faire [...] tu as une vraie forme de satisfaction derrière.

Je me rends compte aussi que c'est très précaire. Aujourd'hui, je n'ai pas de sponsor ne serait-ce qu'annuel. Ce sont des opé sur un mois, deux mois maximum. Donc chaque mois, est-ce que les mecs vont renouveler, est-ce qu'il va y avoir une nouvelle opé ? Je me rends compte, honnêtement, que c'est difficile d'avoir des gens qui s'abonnent à ta chaîne pour te soutenir. Générer de l'argent, c'est plus complexe que je ne l'aurais pensé.

Je pense qu'il y a pas mal de gens, ces dernières années, qui ont bien profité de tous les sponsors type gambling qui offraient de très grosses sommes mensuelles, et ils ont eu raison, mais moi j'étais joueur donc j'ai loupé le coche. Au moment, en gros, où je me suis à stream full time c'était en mode "et c'est banni ma gueule !" [il rigole]. Du coup, pour un streamer Counter-Strike, le truc qui peut te générer quand même une part d'argent conséquente tout au long de l'année, ça n'est pas possible.

En plus, je suis résident français, donc il y a des lois qui font que c'est plus compliqué et je ne veux pas tricher, donc c'est plutôt délicat. Actuellement, je ne sais pas si je pourrai pérenniser la chose. Je ne sais pas de quoi demain sera fait, c'est pour ça que j'essaie de faire du mieux que je peux mais, oui, c'est plus difficile que ce que j'aurais pensé.

Après, c'est très agréable de pouvoir planifier ses propres horaires, des weekends - ce qui est impossible en tant que joueur pro -, de planifier des sorties, de voir un petit peu plus la famille, d'être un petit peu plus chez soi, d'avoir une vraie interraction avec les gens. J'adore être très près de mon tchat, on peut échanger sur plein de sujets différents et c'est vraiment sympa. T'es pas juste tout seul derrière ton PC, tu partages vraiment un moment avec des personnes et c'est ça que j'aime beaucoup. Donc ouais, on va dire bilan satisfaisant mais compliqué.  

SmithZz est dans l'univers du stream depuis un moment déjà. Sa présence t'a-t-elle aidé à t'intégrer dans ce milieu et peut-être dans la partie création dont tu parlais juste avant ?

Honnêtement, pas du tout. Tu sais, Eddy c'est mon meilleur ami depuis des années, mais, comme on se le dit souvent, on est les pires meilleurs amis du monde. Si on s'envoie trois messages dans l'année c'est le bout du monde. Peut-être qu'on s'appelle une ou deux fois et puis on oublie souvent nos anniversaires respectifs. On est ce genre de meilleurs amis, mais on sait qu'on sera toujours là l'un pour l'autre et on adore être ensemble. Donc, non, il fait ses bails, je fais les miens. Après, il m'a aidé sur deux-trois trucs, où justement je savais qu'il s'y connaissait plus sur le streaming donc je lui ai demandé et il m'a répondu.

J'ai essayé de me faire aider par quelques personnes mais ça n'a pas accroché, je n'ai pas eu l'aide que je voulais. Au final, je me rends compte que, comme souvent dans la vie, il ne faut pas attendre après les autres et si tu veux essayer de faire quelque chose, bah fonce. Même pour être joueur pro, je n'ai pas attendu, j'ai foncé. Je pense que, dans la vie, si tu veux avoir des ambitions, il ne faut pas attendre qu'on te tende la main, il faut y aller et ensuite on te tendra des mains. Il ne faut compter que sur soi-même et il faut y aller, croire en soi, avoir des convictions et voir de quoi demain sera fait.

SmithZz, toujours aux côtés de son partenaire de toujours

Début décembre, on t'a vu à La Coupe #4 avec le mix VeryGold, avec SmithZz, RpK, krL et JACKZ. La nostalgie a-t-elle fait son petit effet une fois sur place ?

Non, pas de nostalgie. Je pense que cette époque est révolue. Ce n'est pas de la nostalgie, c'est juste du plaisir. C'était vraiment cool et même là, pour les qualif' RMR, de le faire aussi avec Eddy et Cédric c'est sympa. Ce sont des gens avec qui j'ai toujours apprécié jouer, avec qui ça s'est toujours bien passé en équipe.

Franchement, juste pouvoir jouer comme ça c'est cool. En plus, on passe le premier jour de la première qualif'... incroyable ! Manquerait plus qu'on se retrouve au Closed puis au RMR et que tu revois des stickers... non non. Franchement, on ne va pas se mentir, ce serait un braquage. On en est tellement loin.

Il reste un peu à faire.

Ouais, un petit peu. Mais, déjà d'avoir passé le jour un c'est cool, puis je suis aussi content pour les deux petits qui jouent avec nous, c'est cool qu'ils puissent jouer plus de matchs.

Pour finir sur La Coupe. T'as eu différentes casquettes sur ce weekend : celle de streamer comme tu étais en live, celle de joueur qui retrouve les lans et les potes et celle de compétiteur, qui veut l'emporter à la fin. Comment as-tu géré tout ça ?

Joueur et compétiteur ça s'est très bien passé. C'est ce dans quoi je baigne depuis plus d'une décennie donc aucun souci là-dessus. Pour ce qui est du streamer, c'est vrai que c'était plus compliqué. J'ai beaucoup stressé, j'avais du matériel à emmener, je n'ai pas l'habitude de l'avoir avec moi, je suis habitué à avoir le matériel pour jouer.

Avec les quelques périphériques !

Voilà, mais le matériel pour streamer ce n'est pas pareil. Il fallait ramener le micro, la perche, la GoXLR, tout ça; j'ai dû prendre l'avion, je ne savais pas si ça allait passer, j'ai dû me renseigner. J'avais peur, j'avais la goutte quand je passais la sécurité à l'aéroport : "putain, si ça ne passe pas, comment je fais ?". Plein de trucs comme ça.

Une fois sur place, heureusement qu'il y avait des gens de l'Espot pour m'aider à configurer, big up à eux. Franchement, je suis encore vraiment un noob, j'ai un peu touché [aux réglages] au début, ça fonctionne, je ne touche à rien, mais en vrai ce n'est pas du tout optimisé.

Après, gérer sur place quand y avait des temps morts, au final je pensais que ça allait être plus facile que ça. Mais, comme j'étais excité de voir les frérots, on n'a pas beaucoup dormi parce qu'on a passé beaucoup de temps ensemble, donc coup de barre. Puis t'as des temps de pause, qu'est-ce que tu fais exactement avec les gens ? Est-ce qu'ils accrochent ? Sachant que les gens viennent pour regarder du Counter-Strike, donc quand tu fais autre choses les gens décrochent. Ce n'était pas facile mais on prend ça comme une expérience.

J'en tire un bilan très positif et j'adore partager des moments comme ça avec ma communauté, comme je le fais en ce moment avec les Open Qualifiers. Comme je le disais, pour moi, le stream c'est avant tout un moment de partage. Il y a le partage quotidien avec ceux qui viennent tous les jours, puis quand tu peux partager des évènements qui sortent de la normale c'est encore plus cool.

Justement, tu parles de la qualification ouverte, à quel moment avez-vous une l'idée de la faire ensemble ?

Je crois que c'est après La Coupe. Quand j'ai vu passer sur mes réseaux sociaux que les qualif' RMR arrivaient un mois après, je savais que je n'avais pas d'équipe, on venait de try hard un peu, et je préférais y participer que les streamer. Mais avec qui ?

Je me suis posé la question de si je demandais à olof, GeT_RiGhT et tout. Au final, je ne leur ai pas demandé car je me suis dit qu'ils ont l'habitude de faire ce genre de qualifications et qu'ils doivent préférer les faire en stack full suédois.

Comme on sortait de La Coupe avec Eddy et Cédric et que ça s'était très bien passé, je me suis dit que ça pourrait vraiment être cool pour nous et pour la communauté si on la faisait un peu comme les Boomerdemons mais façon full fr, en se débrouillant pour trouver deux last. C'est comme ça que j'ai lancé l'idée, j'ai demandé à Eddy et Cédric qui étaient tous les deux partants donc nice, let's go, manque plus que deux joueurs.

Finalement, il n'y avait pas grand monde côté français qui était libre, la plupart était déjà en équipe, même plus basse mais en essayant de try hard donc le but n'était pas de leur demander. Il n'y avait pas de nom apparent qui sortait, sachant que je voulais quand même qu'on soit compétitifs. C'est pour ça que j'ai organisé des sessions de tests où il fallait simplement venir sur le stream, être dispo et jouer avec moi, que je me rende un peu compte. J'ai fait ça pendant dix jours environ, j'ai dû tester une vingtaine de joueurs et à la fin j'ai fait mes deux choix et pour l'instant je suis vraiment super content d'eux et ça fait vraiment plaisir. 

RpK lors de La Coupe #4

On les a vus à l'oeuvre, déjà ça cliquait mais en plus niveau teamplay c'était intéressant à voir, il  y avait de la force de proposition et ça parlait bien.

Justement, tu as essayé de partager avec la scène subtop au travers de Nakama, même si c'était finalement trop compliqué pour toutes les raisons que tu nous avais données en mai. Est-ce que cela peut aussi être une manière pour toi de partager, de le faire en stream comme là avec ces deux joueurs ?

Clairement, ça peut m'intéresser. Après, pour l'instant je ne suis pas non plus dans un énorme partage. C'est à dire qu'ils jouent avec nous et qu'ils apprennent à nos côtés, mais on ne leur dit rien, je ne leur ai pas personnellement donné de conseils. On les a pris tels qu'ils sont comme on savait qu'on n'allait pas avoir d'entraînement comme une équipe, juste soyez vous-même.

Dans un objectif d'avoir un coaching plus approfondi, c'est vrai que c'est quelque chose qui, honnêtement, me plairait. Je trouverais ça très intéressant de suivre des joueurs ou même des équipes en essayant de les aider. Le truc, c'est qu'il faut avoir des gens qui, comme je le disais tout à l'heure vis-à-vis des 200 %, ont vraiment envie. Si c'est juste pour essayer de coacher car il y a un mec qui te demande de le suivre ou de l'aider mais qu'au final il n'a pas un dixième de talent, de bases de Counter-Strike et qu'il ne grind pas plus que ça, c'est chiant, ça ne m'intéresse pas.

C'est là aussi où, malheureusement, j'ai été étonné et attristé. Pour paraphraser Dan (apEX), qui en parlait dans un tweet au sujet du tournoi organisé par Jawed, j'ai mal à ma France. J'avoue qu'aujourd'hui on a ZAKARINHO et SHOGU, et je suis très content, il y en a peut-être un ou deux qui étaient potentiellement intéressants dans d'autres profils, mais le reste ce n'était pas suffisant que ce soit dans le jeu ou dans la mentalité. Et ouais, il n'y a pas beaucoup de joueurs.

Si tu veux, coacher c'est bien, mais coacher quelqu'un qui a déjà un minimum de base et qui a la grinta, ça c'est stylé. Juste aider le mec qui joue un petit peu de temps en temps et qui dit qu'il veut être le meilleur, ce n'est pas intéressant. Frérot, tu sais quoi, va faire des études ce sera mieux.  

Sur ce premier jour de qualifications, comment as-tu trouvé le niveau ? Même si les gros vont arriver plutôt aujourd'hui.

Honnêtement, pas ouf. Après, tu l'as dit toi-même, on est tombé dans une partie de l'arbre où on a joué personne de dingue. À la limite, il n'y a que l'équipe contre qui on a gagné en prolongations [qui nous a posé problème], même s'ils faisaient des trucs de 2008, c'était terrible, ça perturbe et ça fonctionne tellement c'est hors meta. Mais, au moins, tu sentais qu'ils jouaient un petit peu en équipe et c'était intéressant.

Le reste, ce sont des joueurs à qui on a mis des 13-4. Même un five stack à 3 500 d'ELO FACEIT, on s'était dit que ça allait taper un peu et qu'on allait voir ce que ça allait donner, mais les mecs sont nazes en fait. Je pense qu'ils ne résument le jeu qu'au skill, aux statistiques et aux headshots, mais en fait ils ne savent pas du tout jouer en équipe. À partir du moment où tu sais jouer un minimum en équipe et que t'as un minimum de teamplay... bon bah pour l'instant, il n'y a pas grand chose, à part l'overtime on a mis que des raclées alors qu'on n'a jamais joué ensemble, jamais. Ça prouve un petit le niveau.

Comme tu l'as dit, aujourd'hui [ndlr : mardi] c'est différent, on va commencer par les potentiels futurs The Prodigies donc j'attends que là, normalement, on arrive à des matchs où il va se passer des choses sur le serveur.  

Le temps ne me fait pas peur, je connais mes capacités, donc je m'en tape de l'âge ou de quoi que ce soit d'autre.

L'objectif est-il déjà un peu rempli d'accéder à un Day 2 ?

Je dirais que, de base, il n'y a pas d'objectif. C'est juste de jouer l'Open Qualifier ensemble et d'avoir ce petit côté compétition et try hard avec Eddy et Cédric qui est cool. En même temps, de donner de la visibilité à deux joueurs qui ne sont pas connus et qui ont peut-être des ambitions et un petit talent. Leur donner cette visibilité qu'il est très difficile d'avoir aujourd'hui. L'objectif c'est ça, ni plus ni moins.

Après, plus on avance, plus c'est cool pour tout le monde. Que ce soit pour les gens qui nous suivent, pour les petits jeunes ou même pour nous, parce qu'on joue plus, il y a plus de contenu, plus de matchs, plus d'expérience pour les petits en jouant des officiels. Tout ça, c'est cool, après il n'y a pas d'objectif à proprement parler. Plus on ira loin et mieux ce sera.

Plus vous aurez kiffé.

Voilà, et plus on aura kiffé, exactement.

Maintenant, c'est vrai, déjà, que passer un jour sur un Open Qualifier et d'être dans les 64 dernières équipes sachant qu'il y en avait plus de 800 inscrites, ça veut dire qu'on est déjà grosso modo dans les dix derniers pourcents des équipes. Ça, en soit, je trouve ça dingue !

Honnêtement, c'est quand même incroyable et je ne sais pas si je suis fier de nous et que c'est stylé ou si j'ai peur, en me disant "putain, mais vraiment les gars, le niveau sur Counter-Strike... heureusement que vous n'étiez pas là en 2013, je vous aurais vraiment cassé la gueule, mais violent quoi".

Tu as dit en stream que tu voulais être un soldat sur cette qualification et que tu laissais le lead à SmithZz. Est-ce une manière pour toi de plus kiffer la qualification et, peut-être, aussi de te montrer aux organisations qui t'auraient oublié jusque-là ?

Je ne sais pas si vraiment ça aura de la valeur. Aujourd'hui, pour performer il faut faire des matchs sur HLTV alors qu'il n'y a que les matchs à partir des 16èmes qui sont dessus. Si tu commences à penser à ça, tu vas penser à ta gueule et ce n'est pas comme ça que tu vas gagner, ça va rajouter de la pression.

Non, c'est juste parce qu'à La Coupe je n'ai pas tant parlé que ça. Je trouve que j'ai été bon individuellement et j'ai vraiment apprécié retomber dans ce rôle que j'avais chez Vitality, que j'ai pu avoir chez VeryGames, Titan ou d'autres équipes. En gros, où il y a vraiment un leader et où je ne suis là que pour essayer de lui donner une solution s'il a besoin, où il sait qu'il peut me faire confiance et que derrière je fasse ce qu'il faut pour m'adapter, mais en même temps ce n'est pas moi qui tiens les rênes.

apEX et shox sous les couleurs de Vitality, lors du PGL Major Stockholm

Au final, je pense que c'est vraiment le rôle qui me plait le plus et où je me sens le plus à l'aise. Pareil chez Vitality, avec Dan, j'aimais beaucoup le binôme qu'on avait car il gérait tout ce qui ressemblait aux calls freeze time. Puis, presque tous les rounds, je lui donnais mon point de vue, je lui proposais des choses à faire. Aussi, quand il avait besoin de quelqu'un pour faire quelque chose, il m'envoyait moi car il n'avait pas besoin de me dire pendant quinze secondes quoi faire, il avait juste à me donner l'idée et il savait que derrière il pouvait me faire confiance et que j'allais gérer bien comme il faut. C'est un peu ce que fait Eddy aujourd'hui. Parfois, il va me mettre d'un côté et me dire de faire un truc car il sait que je vais bien gérer, m'adapter. T'as pas besoin de me drive, c'est aussi ça que j'aime.

Sachant qu'Eddy aide aussi une équipe à côté. L'idée c'est qu'il regarde plus de matchs que moi, il est plus dans la meta, il connait plus de stuffs, là où moi je ne fais que jouer depuis que je streame. Même si j'ai un peu rattrapé des stuffs en début d'année, parce que j'étais à la ramasse et ça ne m'a pas fait de mal. Je sais aussi qu'il est plus à l'écoute de ce qu'il se passe, moi je suis ouvert aux FACEIT ! Donc, sur ça, c'est mieux que ce soit lui qui donne l'idée générale.

Puis il a l'habitude, tous les jours, de guider ses viewers, de lead, de faire des games subs sur ses streams. Aujourd'hui, c'est devenu un peu normal et naturel pour lui [de lead]. Alors que moi, même quand je joue avec mes viewers, je suis là pour rigoler avec eux. Je ne vais pas leur dire quoi faire, je suis en mode "alors les gars, on fait quoi ?! Hein ?! Qui a une idée ?!".

Pour l'instant ça marche bien, on espère... enfin, entre guillemets car on a Python en face donc peut-être qu'il y aurait plus de chances que The Prodigies aille au Closed. Mais bon, on ne sait jamais, on ne serait pas contre vous y voir.

Ce serait très rigolo !

Pour terminer l'interview, tu as pas mal partagé sur le mental ces derniers temps, d'abord avec la vidéo réalisée avec Brut et partagée sur X, puis tu en as reparlé en conclusion à l'interview que tu as faite avec Thorin. Qu'est-ce qui t'a poussé à communiquer sur ce sujet ?

Honnêtement, ce n'est pas moi qui suis allé vers eux, je n'ai pas le bras long comme je ne sais pas qui en mode "Brut, je te contacte comme ça". Ce sont eux qui sont venus vers moi, ils voulaient faire quelque chose sur l'aspect mental et j'ai sauté sur l'occasion parce que je trouve que c'est un sujet vraiment très intéressant et qu'on n'en parle pas forcément assez.

Aujourd'hui, je le vois avec mon fils qui a 8 ans, ou même avec ses copains de l'école ou mes neveux qui sont un peu plus âgés. On est dans une génération numérique très réseaux sociaux et je pense qu'il y a beaucoup de parents ou même de jeunes qui voient ça comme quelque chose de cool, de fun et que c'est comme ça, c'est l'ère du temps et qu'il faut s'y adapter.

Pour moi, c'est important, parce que je suis là depuis le début d'internet. Hein, ADSL 56K, personne ne connaissait ça à l'époque et moi à dix ans j'ai commencé. Vraiment, j'ai vu toute l'évolution d'internet, sans parler de jeux vidéo, vraiment d'internet, et je sais à quel point ça peut être dangereux.

Pour moi, le stream c'est avant tout un moment de partage. Il y a le partage quotidien [...] puis quand tu peux partager des évènements qui sortent de la normale c'est encore plus cool.

Sur internet, tu peux parler avec n'importe qui, voir et entendre n'importe quoi, et un enfant ou même un jeune adulte peut être influençable. Á l'école, on peut retrouver du harcèlement scolaire et ce sera en vrai, donc on va le voir et en parler. Par contre, sur internet, on ne va pas forcément le voir parce que ça va être dans un tchat vocal en jeu, sur YouTube avec la façon de parler de la personne qui va rentrer dans ta tête parce qu'au final t'as regardé dix de ses vidéos et tu crois qu'il a la science infuse. Ça peut être sur les réseaux sociaux avec les erreurs que tu vois passer, les commentaires, les likes. Aujourd'hui, il y a un besoin d'être populaire et les gens ne voient que les chiffres, les likes et se faire de la thune, si je vulgarise la chose.

De mon côté, c'était important d'en parler, de dire que... putain c'est dangereux les gars ! Ça peut vous bouffer le cerveau, il y a des gens qui peuvent aller très loin avec des menaces de mort, qui peuvent vous insulter, faire chuter votre confiance en vous. Tout ça, faut s'en protéger et il faut garder à l'esprit que ça reste internet, que ça reste virtuel, et que 90 % des discussions qu'il y a sur les réseaux sociaux n'existeraient pas si les gens étaient en face à face, parce qu'ils ne se parleraient pas de la même manière.

Toute cette expérience que t'as acquise avec le temps sur la gestion mentale avec, effectivement des périodes plus ou moins difficiles, est-ce qu'elle t'aide à mieux gérer cette période dans laquelle tu es où tu n'as plus d'équipe, où cela n'a pas forcément été facile avec les dernières équipes dans lesquelles tu étais ?

Oui, mais il n'y a pas que ça. Je pense que l'âge rentre aussi en compte, que naturellement t'en prends un peu plus dans la tête avec chaque année qui passe. Aussi, vis-à-vis de la vie que tu mènes au quotidien. Comme on le disait, je vais être papa une deuxième fois et il y a des priorités dans la vie, il faut se mettre un petit peu de plomb dans le crâne. Mais j'en apprends encore tous les jours, je ne suis pas Gandalf le Blanc avec son grand bâton et sa magie.

Moi-même, chaque jour, j'essaie de faire mieux, par exemple j'apprends à faire des choses même quand je n'ai pas envie de les faire. Parce que, souvent, quand t'as pas envie de faire un truc, honnêtement, tu ne le fais pas. J'apprends que, quand tu fais quelque chose que tu n'as pas envie de faire, t'as une vraie forme de satisfaction derrière. J'apprends à vraiment mettre des priorités dans mon quotidien, que ce soit dans ma vie pro ou ma vie perso.

Un heureux évènement qui devrait déjà marquer l'année 2024 de shox

Puis, vraiment mettre de côté les réseaux sociaux. Je m'explique, j'essaie quand même d'être un minimum dessus parce que, malheureusement, j'en ai besoin. Vis-à-vis de mon activité, c'est quelque chose d'obligatoire aujourd'hui, mais j'essaie de prendre le maximum de distance avec ça. Moi-même, je pense que beaucoup se reconnaîtront, mais, quand tu prends ton téléphone, naturellement tu vas appuyer sur une ou deux applications que ce soit X, Insta, Facebook, TikTok, selon ce à quoi tu es habitué.

Naturellement, quand t'as rien à faire, si tu vas aux toilettes, que t'es dehors, que t'as deux minutes de libre ou que t'es sur le canapé, boom téléphone, boom c'est naturel, tu ne réfléchis même pas tu prends le téléphone et t'appuies. Si c'est quelque chose où je sais que j'ai envie de regarder, ok je regarde, mais cinq minutes et basta. Par contre, si vraiment je l'ai fait par réflexe, je me dis "mais nique ta race Richard, t'es vraiment trop con !". J'éteins et je pose mon téléphone. Parce qu'au final, souvent, je tombe sur des trucs où tu n'es pas productif, limite ça me met parfois dans un bad mood parce que ce n'est pas forcément joyeux.

Et ça endort aussi.

Et ça endort, exactement. Je pose mon téléphone et d'un seul coup, qu'est-ce que je fais ? Bah voilà, trouve des choses à faire ! Y a ton gosse là, ta femme là, peut-être que tu peux faire à manger, avancer sur une machine, faire dix pompes, une blague ou n'importe quel petit truc. Juste vivre la vie, pas à travers le téléphone et ça j'essaie de le faire le maximum possible parce qu'on est dans une ère... Par exemple, c'est d'actualité, t'as vu la vidéo...

Sur les Champs-Élysées ?

Voilà ! Tu savais de quoi j'allais parler. C'est exactement ça, c'est à dire qu'aujourd'hui, on prend un téléphone pour se souvenir ou pour partager des trucs mais on ne les regardera jamais ensuite, ça ne sert absolument à rien, au lieu de tout simplement vivre la chose.

Je pense qu'il ne faut pas tous se mettre dans un sac poubelle en mode on est tous des merdes, c'est juste que c'est addictif franchement cette merde. Je pense que c'est comme tout, comme la cigarette, il faut se battre contre et fuck it. Peut-être que le prochain anniversaire, au lieu de prendre la vidéo, bah non, je ne prends pas de vidéo, j'ai envie de chanter happy birthday to you, j'ai envie de sauter et let's go je kiffe.

Après, c'est ma vision, mais c'est vraiment quelque chose qui fait qu'au quotidien, pour ne parler que de moi, je suis plus heureux. Pour avoir passé quatre ou cinq heures sur le téléphone sur certaines journées et seulement dix minutes sur d'autres, la tête de ma mère qu'il y a deux Richard différents. Il y a un Richard trop content, trop stylé et tout et l'autre qui est comme ça [il mime la mollesse], mou, comme tu disais, en mode "ouais, on mange quoi ce soir ?". Ah oui, commander aussi... Allez, on n'est pas sur ce genre d'interview, on divague TarTiNe, faut m'arrêter !