Galerie photos
WebTV
    IEM Katowice : Playoffs
Poules indisponibles
Arbre indisponible
News
En bref...
Pas de breves pour le moment dans ce coverage !


Entretien avec Matthieu Péché (Vitality) : son rôle de manager et la notion de performance

2924 0

Mardi dernier, au lendemain de la défaite de Vitality contre Heroic à l'occasion des IEM Katowice, nous avons retrouvé Matthieu Péché, plus de quatre ans après cette première interview où nous avions fait sa connaissance alors qu'il venait d'arriver à ce poste de manager chez les abeilles.

En plus de nous parler de l'évolution de son rôle au fil des années, il nous a permis d'en apprendre un peu plus sur la notion de performance, de plus en plus présente dans les équipes au travers de staffs renforcés, comme celui de Vitality l'a été avec Lars Robl et l'est maintenant avec Jack Birtwhistle.

 Une interview également disponible sur :

YouTube Pour ceux qui préfèrent le visuel à l'écrit, et ont envie de profiter d'une personne plus souvent dans l'ombre que dans la lumière.

 

Pour revenir sur cette entrevue d'environ 26 minutes, débutons par l'habituel sommaire afin de suivre plus facilement le fil des sujets abordés, de l'évolution du rôle et de l'apport de Matthieu en presque cinq chez Vitality à sa manière de vivre les résultats, en passant évidemment par cette période où le staff comprenait zonic et Lars Robl.

Sommaire :     
 

I.
II.
III.

L'évolution de son apport autour de la performance.
Les années avec zonic & Lars Robl.
L'homme et ancien sportif de haut niveau derrière le manager.


I - II - III


I. L'évolution de son apport autour de la performance.

Arrivé chez Vitality en juin 2019, un an après avoir arrêté sa carrière de céiste sur une médaille de bronze aux Championnats d'Europe, Matthieu Péché découvrait alors un nouveau rôle mais aussi un nouvel environnement dans lequel il a petit à petit trouvé sa place. Apportant quelques-uns de ces pourcentages supplémentaires qui peuvent faire la différence sur le serveur, le Vosgien a aussi fait évoluer ses méthodes en même temps qu'il a vu les mentalités changer chez les joueurs qu'il a rencontrés avec le temps.


Ça va bientôt faire cinq ans que que tu as démarré cette aventure après tu ta carrière professionnelle de céiste, comment te sens-tu dans ce rôle après ces presque cinq ans ?

C'est une question assez difficile parce qu'avec cette équipe, comme tu dis, ça fait presque cinq, donc c'est plus qu'une olympiade. Avant, je fonctionnais comme ça, par olympiade, avec cet objectif tous les quatre ans. Ici, tu as un objectif toutes les semaines j'ai l'impression. Là, au moment où on parle, on est le lendemain de notre sortie de Katowice, mais notre prochain gros évènement ce n'est pas dans un ou deux mois, c'est dans un peu plus d'une semaine. Il n'y a pas le temps de s'endormir, c'est ce qui est bien avec ce boulot.

Comment je me sens ? Tu peux vivre de grandes aventures comme de grosses défaites, c'est un roller coaster. Pour le moment, je me sens très bien et, oui, ces cinq années je n'ai pas l'impression de les avoir vues passer. Quand je me projette cinq ans en arrière, la première fois où j'ai rencontré l'équipe, je me rappelle c'était chez Kinguin, j'avais NBK-, ALEX, RpK, déjà apEX et Matou (ZywOo) et j'ai quand même l'impression que ça fait des lustres.

On va beaucoup parler de performance dans cette interview et, comme on en a parlé avant, j'aurais plutôt tendance à englober une partie physique, une mentale et même une technique dans la performance. Pourrais-tu nous donner ta définition de la performance ?

Il faut savoir que dans l'esport, oui, il y a de la performance. On demande à des joueurs d'être performants et à leur plein potentiel à un moment donné. Par exemple, hier on avait le match à treize heures trente, c'est-à-dire qu'à treize heures trente ils doivent être prêts à cliquer, à réagir, être prêts mentalement et avoir tout le plan de jeu en tête.

Tout ça, ça ne se fait pas une demi-heure avant et il y a tout un rétroplanning qui est fait pour le prévoir. Il y a aussi les entraînements à la maison la semaine dernière. Ou encore à quelle heure il faut manger pour ne pas être en pleine digestion pendant le match. Ce sont des points assez classiques. La performance, au sens large, c'est comme dans le sport traditionnel. T'as une course ou un match à quatorze heures, il faut s'échauffer, tout avoir en tête et être là au moment T, pas trois heures avant, pas trois heures après.

Matthieu, sous le feu de notre appareil photo pour alimenter la miniature YouTube

Comme tu l'as dit, la performance ça regroupe le mental, le physique et tout ce qui va être en lien avec le jeu. Mon rôle, c'est de chapeauter tout ça. Alors, je n'ai aucune partie prenante dans le jeu, je n'y connais rien, même si j'ai réussi à faire mes armes en cinq ans, mais je m'occupe du reste. Ce qui a changé avec mes débuts, c'est que, maintenant, on a quelqu'un qui s'occupe à part entière de ça, avant c'était Lars et là c'est Jack. Je chapeaute un tout ça, on parle beaucoup de "eyes in the sky" [une vue d'ensemble] dans le jeu, moi je le suis IRL. J'essaie d'anticiper tous les scénarios possibles, que ce soit dans le jeu ou en dehors. Si une game dure longtemps, à quel moment les mecs vont pouvoir manger, à quel moment je peux les rapatrier à l'hôtel, tout quoi, tout ce qu'il y a autour du jeu.

Au niveau de la performance, chaque joueur va être à un moment différent de sa carrière. On a des jeunes joueurs, d'autres plus expérimentés pour ne pas dire vieux, mais du coup ils auront besoin de choses différentes. Là, on parle de performance, et ce n'est pas que c'est un mot poubelle, on peut le sortir à tout va. Pour chaque joueur, on essaie de s'adapter pour faire en sorte qu'il soit à 100 % de ses moyens à treize heures trente, comme notre match hier par exemple. 

Le mot performance c'est une grande valise avec plein d'outils dedans.

Voilà, c'est une grosse malette et les joueurs sont conscients des outils qu'ils ont à disposition dedans. Après, c'est à eux de faire leur menu en fonction de ce qu'ils préfèrent. Par exemple, si un préfère un échauffement avec des balles de tennis et des lumières, ok, on met ça en place. À l'inverse, ces mêmes outils peuvent ne pas marcher avec un joueur mais, par contre, il se doit d'essayer. C'est comme avec les enfants, d'abord tu vas tester puis on va s'appuyer sur des faits pour voir si ça marche ou non, ce n'est pas juste "j'aime pas donc je ne le fais pas". Non, on va le faire et après on verra si ça impacte ou non ta performance.

Ce sont plein de petites vis, plein de réglages à faire et ce sont des réglages très fins parce que chaque joueur est différent, ce n'est pas facile. 

Justement, on se souvient qu'au début tu avais dû axer sur le collectif, en étant plutôt strict, puis en 2021 tu disais dans une interview que tu étais entré dans quelque chose de plus individualisé. Qu'en est-il aujourd'hui dans cet équilibre entre apport collectif et apport individuel ?

Il y a cinq ans, ça paraît loin, mais on en était aux balbutiements dans l'esport. Je compare toujours avec les équipes de sport traditionnel et je vois encore plein de trucs passer. Il y a le Super Bowl ce weekend et tu vois comment les équipes sont staffées, tout le monde qu'il y a autour et à disposition [des joueurs], on est à des années lumières de ça dans l'esport, même si ça a beaucoup évolué en cinq ans. Malgré ça, on est encore aux balbutiements de ce qui peut se faire et de ce qui va se faire. 

Du côté du collectif, maintenant, on fait les choses ensemble, c'est-à-dire qu'on se déplace toujours en collectif quand on est sur un évènement. On mange ensemble midi et soir, le matin c'est à la carte et même on encourage les joueurs à sauter ce repas pour ne pas se lever trop tôt quand le match est à dix-neuf heures trente comme le premier jour. 

Comme on a dit tout à l'heure, tous les leviers qu'on peut mettre en place sont à la carte et c'est à nous d'accompagner les joueurs pour voir ce qui fonctionne pour l'un ou pour l'autre puis pour le mettre en place, donc de manière individualisée. 

Le collectif, on le réserve aux activités et aux déplacements. On aime bien se déplacer en meute sur les évènements, ce n'est pas une guerre psychologique mais presque. Quand tu vois certaines équipes où t'as un joueur qui va prendre son uber à dix-neuf heures, l'autre à vingt-deux heures... Non, nous ce sont des horaires, c'est un cadre de vie. Sur une année, on passe presque plus de temps ensemble qu'avec nos familles. Le but du jeu, c'est d'être comme une deuxième famille dans l'équipe, pour que tout le monde se sente bien.

Sur un tournoi, les mecs ne doivent pas se dire qu'ils ont vite envie de rentrer à la maison ou qu'ils ne peuvent pas blairer un gars, c'est déjà arrivé plein de fois et ça peut détruire une équipe. De l'extérieur, une équipe peut paraître performante mais, humainement, ce qui se passe à l'intérieur, c'est vachement important et ce sont des choses que tous les consommateurs d'esport ne peuvent pas voir. Toute cette face immergée de l'iceberg, personne ne s'en rend compte et c'est quelque chose qui prend une grande place dans la performance d'une équipe.

 

Il faut de bonnes fondations dans une équipe et c'est ce que représente le staff, puis une fois que c'est en place on commence à monter petit à petit la maison.

 

En cinq ans, as-tu noté une différence entre les joueurs que tu as découvert en 2019 et ceux qui sont arrivés plus tard, comme Spinx, mezii et flameZ ? Les as-tu senti plus prêts concernant ce sujet de la performance, que les équipes ont plutôt intégré à leur réflexion par rapport à quand tu es arrivé dans le milieu ?

Plus prêts, plus ouverts aussi. À l'époque, quand je suis arrivé, les joueurs étaient limite fermés. C'est pour ça qu'on a décidé avec le staff de mettre en place des trucs obligatoires. Maintenant, les mecs sont plus ouverts, il n'y a qu'à voir apEX sur les réseaux, qui a pris sa vie physique en main et je trouve ça cool. Même moi, quand je repense à l'époque où j'étais athlète, mon coach me parlait de certaines choses et ce n'est que plus tard que je les ai comprises et appliquées, alors que si je les avais faites avant... Mais bon, tu n'as pas le même degré de maturité. Je n'attends qu'un truc, c'est qu'un de ces quatre on aille courir ensemble avec ZywOo, là je pourrai raccrocher ! [rires]

Tu parles d'apEX et on sait que sur le serveur, il a toujours été un exemple de travail et d'investissement. Dirais-tu aujourd'hui qu'il est aussi un exemple sur ce travail en-dehors du serveur, où on voit qu'il va souvent courir par exemple ? 

En fait, même personnellement, à la fin de ma carrière, j'allais chercher des choses ailleurs que dans le bateau ou dans la musculation pure et dure. Tu essayes de réfléchir un peu plus à comment créer la différence, tu penses autrement et c'est important d'avoir ce degré de maturité dans une équipe. Aussi d'avoir des jeunes fous qui poncent le jeu et ont juste envie de cliquer, mais parfois tu es obligé de les pousser à faire et voir autre chose. C'est bien d'avoir un mix et tu n'as pas le même management avec eux. 

C'est une bonne chose, aussi, d'avoir des joueurs qui vont à la gym. Je me rappelle, il y a deux ans ici à Katowice, j'allais à la gym avec dupreeh mais Dan (apEX) restait dans la prac' room devant l'écran. Maintenant, j'ai même été courir avec Dan cette semaine et ce sont d'autres qui restent devant l'écran. Parfois, on va à la gym avec flameZ, du coup ça tourne. En fait, tu essayes de créer un petit mouvement et de faire adhérer les autres. Tu leurs lance des piques, un, deux, trois, puis à un moment donné les mecs ils vont se dire que ça a l'air bien ce qu'on fait et ils sont contents quand ils en reviennent. 

Aujourd'hui, et c'est plus notre manière de gérer avec le staff, j'essaie de les inciter à faire plutôt qu'à les obliger, même si parfois tu les incites fortement.

Durant ces quelques années avec Vitality, il y a également eu le sujet des burnouts à gérer, qui est arrivé autour de la période du Covid. Qu'avez-vous mis en place pour prévenir ce risque et permettre aux joueurs de trouver cet équilibre qui est très important humainement parlant ?

Ce sont des temps définis à l'avance. Là, j'ai facilement une vision à plus trois ou quatre mois sur le calendrier. On est à Katowice, le 6 février, le calendrier est déjà prévu jusqu'aux finales BLAST [en juin]. Les mecs savent exactement quand ils rentrent à la maison. Bien sûr, on ne définit pas à l'avance si on sort en groupes, mais à quel moment ils auront une pause, à quel moment il faudra reprendre l'entraînement. C'est en ayant ce cadre déjà élaboré à l'avance qu'ils vont pouvoir se dire que telle semaine ils seront à la maison et pourront chill et faire ce qu'ils veulent, que la semaine suivante ce sera full entraînements. Par contre, les mecs se doivent de faire la part des choses et, quand on reprend l'entraînement, il doivent être à 100 %.

De monter et d'être performant à un certain moment, c'est bien, mais on ne peut pas rester tout en haut tout le temps, on est obligé de décompresser à un moment, tout le monde. Et ensuite, on reconstruit petit à petit. Parfois, il faut déconstruire la maison pour la reconstruire. Elle peut être très bien construite, mais parfois il faut passer par là pour la rendre plus belle ensuite.

 


I - II - III


II. Les années avec zonic & Lars Robl.

Découvrant l'univers international avec l'arrivée des Danois chez Vitality, Matthieu Péché a fait partie de ce staff à quatre têtes avec zonic et MaT sur le technique, Lars Robl sur le mental et lui sur une partie plus liée au physique. Ensemble, ils ont ainsi réussi à établir ce plan dont on a tant entendu parler et qui a participé au sacre de l'équipe au BLAST Paris Major. 


Tu as participé au passage à l'international, notamment avec les arrivées de zonic et Lars Robl, qui est psychologue du sport. Comment vous êtes-vous organisés au niveau du staff ?

Déjà, il fallait organiser tout le monde, pas que tous les trois. C'était s'occuper de Matou (ZywOo), misutaaa à l'époque, même moi, même MaT, on a tous pris des cours d'anglais par exemple. On a eu des incompréhensions parce qu'on est français, ils sont danois, on a l'anglais comme langue commune et même si on avait un bon anglais, on pouvait sentir des petits décalages parce que le mot ne veut pas exactement dire ce que tu veux dire, parce que ce sont deux cultures différentes et, à la fin, tu te dis que la personne ne t'a pas compris en fait.

C'est une organisation où, même nous le staff, on doit déconstruire cette maison et la reconstruire. Avant, on était trois [ndlr : XTQZZZ, MaT et Matthieu], maintenant on est quatre, il faut savoir qui va prendre telle ou telle place, qui sera le référent, comment MaT et Danny (zonic) vont travailler ensemble. Au début ils ne savaient pas trop comment se positionner ensemble, Danny travaillait seul avant chez Astralis, là il avait MaT, ils devaient comprendre qu'est-ce qu'ils pouvaient s'apporter. De mon côté, pareil avec Lars.

Puis, tous les quatre, on doit se synchroniser aussi, savoir qui prend la parole à quel moment et toutes ces subtilités qui font que si le staff n'est pas cohérent ou ne s'entend pas, derrière c'est compliqué d'avoir une voix commune vers les joueurs. Je dirais qu'il faut de bonnes fondations dans une équipe et c'est ce que représente le staff, puis une fois que c'est en place on commence à monter petit à petit [la maison].

 

On aime bien se déplacer en meute sur les évènements, ce n'est pas une guerre psychologique mais presque.

 

Comme on a dit, la performance comprend une partie technique plutôt du côté de zonic, une mentale avec Lars Robl et une plus physique te concernant, chacune ayant ses propres outils, indépendants, mais toutes devant répondre à une vision commune pour aller dans la même direction. Comment organise-t-on cette vision commune à tout le staff ?

C'est tout ce qui se passe en début d'année, tout ce qu'on fait en bootcamp sans PC. C'est-à-dire qu'on se réunit tous et on met tout sur papier sur l'année qui va arriver. C'est un travail fastidieux, ça prend du temps, mais au moins, derrière, tu as ta ligne directrice pour toute l'année.

Tout le monde peut se foutre de notre gueule en disant qu'on fait des courses d'orientation, du kayak, mais personne n'est là avec nous. C'est toujours pareil, tout le monde peut parler sur les réseaux, tout le monde peut nous casser du sucre sur le dos mais, à la fin, la vérité elle est entre nous et jamais ailleurs. Donc ça, ça fait rigoler.

Quels points que vous avez mis en place avec le staff ont été les plus importants dans la réussite et les succès de 2023 ?

Tout. C'est de mettre un plan sur pied, mais pas que nous quatre et ce n'est pas non plus nous qui donnons le plan aux joueurs. C'est-à-dire qu'on fait ça à neuf, le staff n'est pas au-dessus des joueurs à leur demander de faire ce qu'on leur dit, non, ce sont les joueurs qui adhèrent au plan, qui y prennent part et qui signent en dessous de la feuille. 

À un moment donné, si un joueur dévie de la feuille, par exemple s'il a signé pour faire 10 000 pas par jour jusqu'au Major ou jusqu'à la fin de l'année mais qu'un jour il n'en fait que 5 000, puis pareil un autre jour et encore un autre, je lui montre la feuille, je lui rappelle qu'il a signé pour ça et il ne peut rien dire parce qu'il a adhéré. C'est un exemple, mais ça peut être pareil avec les prac', si les joueurs ont dit que pour être performant au Major il faut faire six prac' d'affilé sur Overpass, puis le lendemain sur Mirage et ainsi de suite, si un mec dit qu'il n'a pas envie à un moment donné, tu as signé, tu y vas. S'il y en a un qui râle, deux, puis trois, je vous ressors la feuille, vous avez tous signé. À un moment donné, si vous avez un rêve, il faut y aller, l'année dernière c'était le Major de Paris.

Le problème auquel on a été confrontés, c'est qu'après le Major, qu'est-ce qu'on fait ? On a atteint le Graal, qu'est-ce qu'on fait maintenant ? On a eu un tournoi trois semaines après, le Gamers8, on y va mais pour faire quoi ? C'est difficile à dire, mais c'est ce à quoi on a été confrontés. Du coup, il faut redonner un objectif, relancer la machine, déconstruire la maison, même si c'était une cathédrale, qu'on avait fait la Tour Eiffel, on avait tout ce que tu veux, tout ce qui était de plus beau, mais il faut déconstruire pour repartir, alors pas de zéro car on avait de bonnes fondations pour reconstruire. 

 

Je n'attends qu'un truc, c'est qu'un de ces quatre on aille courir ensemble avec ZywOo, là je pourrai raccrocher !

 

Tout ce dont tu parles, d'avoir construit une cathédrale, la Tour Eiffel, dirais-tu que cela a participé à la création d'une culture club, dans le sens d'avoir cette ligne directrice qui permet d'emmener tout le même dans le même sens, comme on a dit, mais qui permet aussi de faire face aux différents changements et de mieux s'y adapter, comme par exemple avec les arrivées de flameZ, mezii et XTQZZZ ?

J'espère. C'est ce que j'essaie d'inculquer de mon côté et je sais que Rémy (XTQZZZ) et MaT aussi in-game. On a notre jeu, donc si un joueur arrive, il va d'abord essayer de s'y faire tout en amenant ses rôles. Après ce n'est pas mon côté du travail donc je ne vais pas m'engager là-dessus. En ce qui me concerne, il y a Jack qui vient d'arriver, donc j'ai essayé de lui donner quelques ficelles qu'on utilisait avant, même si je ne lui ai pas tout dit parce que j'ai aussi envie que les nouvelles personnes apportent ce qu'elles sont. Ce n'est jamais bien de refaire ce qu'un autre a fait. J'aime bien avoir plein de nouvelles idées, même moi j'essaie de toujours avancer et de trouver de nouveaux outils. Quand les joueurs proposent des choses, allons-y, voyons si ça marche. 

J'aime aussi savoir ce que les mecs pensaient de nous quand ils étaient en dehors de l'équipe. Par exemple, flameZ, quand il était chez OG, c'était un mec vraiment social, il allait souvent voir les autres équipes, et il pensait qu'on ne l'aimait pas. Il venait voir Lotan (Spinx) et nous on lui disait "non, non, ne viens pas nous parler, on est concentrés". Du coup, on lui a expliqué qu'on voulait rester dans notre bulle, dans notre meute, et personne ne doit rentrer dedans. Il était surpris de ça. Même William (mezii), il est rentré chez Vitality sur la pointe des pieds. Du coup, on lui à dit de venir, qu'on allait créer de l'espace pour lui et il a pris sa place. C'est intéressant, aussi, de voir ça.

Le sujet de la performance a considérablement évolué en cinq ans, mais dirais-tu qu'il y a encore énormément à faire ? Peut-être même que ce serait une réflexion infinie où on peut toujours bouger et améliorer les choses ?

Tu prends l'exemple du sport traditionnel, même eux ils n'ont pas fini le game et, nous, on n'est pas encore à la cheville du sport traditionnel en termes de performance. Même si [sur d'autres sujets], le sport traditionnel devrait regarder l'esport, notamment en termes de show, de tout ce qu'il se passe autour, sur les réseaux sociaux, comment les communautés sont engagées, tout ça on n'a pas trop dans le sport traditionnel, dans le giron des Jeux Olympiques je parle. Parce que, oui, tout ce qui se passe aux États-Unis, le Super Bowl par exemple, c'est hors sphère.

Oui, je pense que le travail est infini côté staff. Après, il faut savoir se renouveler aussi. Je pense qu'apEX, c'est le plus vieux de l'équipe, il va regarder ça avec sa canne, il regardera Twich qui ne s'appellera même plus Twitch et il ne va plus rien comprendre au jeu ! [sourires ; ndlr : apEX venait d'arriver et s'installer à côté de nous pour écouter]

 


I - II - III


III. L'homme et ancien sportif de haut niveau derrière le manager.

Ancien sportif de haut niveau, Matthieu Péché a longtemps été acteur de ses résultats et donc des émotions qui se dégageaient derrière. Aujourd'hui passé dans l'ombre, il nous était donc important de connaître la vision du manager quant à ces résultats, mais aussi comprendre un peu plus ce besoin d'être toujours aussi actif dans le sport avec des footings réguliers ainsi que plusieurs courses auxquelles il participe chaque année.


On a parlé de 2023 et, forcément, c'est une année marquée par la victoire au BLAST Paris Major. Comment l'as-tu vécue dans ce rôle de l'ombre où, pendant plusieurs semaines, tu as pu évoluer avec les joueurs mais aussi découvrir le public, l'arène et même profiter de la présence de ta fille durant les demi-finales ?

Je l'ai très bien vécu et tu ne peux que très bien le vivre à ces moments. Je pense que c'est la première fois que je gagnais un truc [de ce niveau] en n'étant pas acteur. En fait, je me mets souvent à la place de mon coach quand on remportait une médaille aux Jeux ou qu'on était champions du monde. J'ai toujours voulu savoir comment lui il pouvait ressentir ça et finalement, là, je l'ai un peu vécu.

C'était top de voir que ce que tu mets en place peut marcher. Après, ça a marché à ce moment-là et si tu le refais dans deux ans, ça ne pourrait ne pas marcher. 

À l'époque, tu étais toi-même acteur pour tes médailles, les sentiments sont-ils différents aujourd'hui, peut-être moins forts ?

C'est plus fort parce que, déjà, tu peux en profiter. T'es partie prenante mais sans être prenante, c'est-à-dire que, si tu perds, tu seras là pour donner ton épaule aux gars mais, si tu gagnes, tu peux profiter du début à la fin. J'ai pu voir tous les détails, je n'étais pas dans ma bulle, je n'avais pas besoin d'être focus. Je devais plutôt gérer toutes les options, ce qui se passait avec les interviews, donner le bon maillot après s'ils gagnaient. Et, oui, je l'ai vraiment vécu intensément, j'ai même mis un point d'honneur à le vivre intensément.

Un moment et une victoire dont Matthieu se souviendra

Après avoir vécu la compétition pendant tant d'années et avoir développé cet esprit compétiteur qui pouvait te transcender les jours de descente, retrouves-tu cet état d'esprit les jours de match ?

Non, du tout, parce qu'encore une fois, je suis obligé d'être détaché. Je vibre devant la télé, mais ce ne sont pas du tout les mêmes sensations, c'est à part et beaucoup moins fort. Après, tu peux retrouver des choses similaires quand t'es dans l'arène, mais comme je ne suis pas partie prenante, je n'ai pas l'adrénaline qui monte. Ce sont des choses que j'arrive à retrouver dans le sport, quand je m'aligne sur une course à pied, même si c'est la course au saucisson du coin, je suis en stress comme si j'étais au départ des Jeux.

Justement, est-ce un besoin vis-à-vis de la compétition après avoir baigné dedans pendant tant d'années que de faire autant de sport aujourd'hui, avec notamment des courses comme des marathons auxquelles tu participes ?

Oui, mais je ne suis pas obligé de faire ça dans le sport. On joue souvent au Yams ou même à des jeux de merde de coordination avec des balles de tennis, j'ai envie de les déchirer les mecs, j'ai envie de déchirer tout le monde. Du coup, c'est un truc entre nous et c'est là que tu vois que tout le monde est à sa place parce que tout le monde a envie de gagner.

D'ailleurs, je fais appel à tout le monde, avec ZywOo on a envie de s'affronter, en 1v1, sur un terrain qui n'avantage aucun de nous deux, donc si quelqu'un a une idée... Ça fait un an qu'on cherche et on n'a pas encore trouvé.

Je te remercie pour cette interview et je te laisse passer un mot aux Français.

Continuez à supporter l'équipe et croyez bien qu'ils font le maximum à chaque fois.

[ndlr] un apEX sauvage apparaît devant la caméra et lâche : Et vive les courses d'orientation ! [rires]



I - II - III


 

Coverage sponsorisé par  Predator

Grâce au soutien de la gamme d'ordinateur pour Gamers, Predator par Acer, sur laquelle les joueurs de ces IEM Katowice joueront toute la semaine, nous avons la possibilité d'envoyer deux personnes pour couvrir les playoffs de l'évènement. Merci à eux !

Vous devez posséder un compte VaKarM et être connecté pour commenter les articles