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Blog de la rédac #19 : Les casuals doivent-ils payer (pour) les tops ?

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L'annonce des modalités d'inscriptions à la NeXeN la semaine dernière a clairement mis en lumière une pratique courante des lans ces dernières années : une partie plus ou moins importante des frais d'inscriptions payés par tous les joueurs est utilisée pour assurer le cashprize. La volonté de la NeXeN de pousser encore plus loin le concept, en dissociant complètement frais d'inscriptions et frais liés aux récompenses a fait réagir un certain nombre d'entre vous.

Cette pratique n'est certes pas nouvelle, n'importe qui pouvait s'en rendre compte facilement en constatant que le cashprize promis était généralement fonction du nombre d'inscriptions. Mais curieusement, cet état de fait n'avait jusqu'à présent jamais soulevé le débat, les casuals semblant accepter sans broncher de participer aux récompenses du podium, malgré parfois quelques grognement quand le prix d'inscription des lans augmentait. On peut supposer que cette curieuse léthargie (l'argent reste un sujet très sensible en France) s'explique sans doute par la difficulté à connaitre exactement les frais des organisateurs et donc de l'utilisation de ce prix d'entrée : quelle partie allait aux frais de fonctionnement, quelle partie retournait aux joueurs sous la forme de cashprize ?

La formule choisie par la NeXeN élimine tout doute, et propose ainsi une "grosse" lan pour seulement 16 à 21 € en préinscription, sans partipation au cashprize. Et si on veut toucher une part du jackpot, l'addition fait mal : il faut alors rajouter 20 € par joueur. Si la NeXeN avait choisi d'intégrer cette part dans l'inscription traditionnelle, en premier prix, on passe ainsi de 16 à 36 €, plus du double !

Comparé à une lan "classique", comme l'Epsilan, qui propose 3000 € de cashprize, avec un tarif en préinscription à 35 €, on retrouve des chiffres similaires. Ces petits calculs montrent de façon assez flagrante le (très) faible rôle joué par les sponsors dans la participation au cashprize.

On se rapproche ainsi des formules utilisées pour les tournois de poker, où les inscriptions de l'ensemble des participants payent la dotation réservée aux "places payées" (les 5 à 10% de joueurs arrivant le plus loin dans le tournoi), moins les "frais de fonctionnement". Or si cette formule fonctionne au poker, c'est surtout parce que sur un unique tournoi, la chance joue un rôle majeur, permettant à n'importe qui, même le plus grand débutant, d'être dans ces fameuses "places payées", voir de remporter le tournoi.

 

Pour un gagnant, combien ont payé ?

 

Pour Counter-Strike, le hasard est bien moins présent : une équipe de "casuals" est tellement loin des équipes "pros" (en terme de skill individuel, de temps de jeu, de teamplay...) qu'il est quasiment impossible de voir une formation de débutants battre une grosse équipe, a fortiori en Bo3. Les équipes moins fortes ne verront JAMAIS la couleur de ce cashprize. La moitié du prix que vous versez à chaque fois que vous allez en lan retombe donc dans la poche d'une poignée de structures et de joueurs.

Alors certes, contrairement au poker, la majorité des joueurs ne va pas en lan pour toucher une part du jackpot, mais pour rencontrer leurs teammates, d'autres joueurs, avoir la possibilité de jouer une fois contre une grosse équipe, pour l'ambiance ... etc. Mais combien sont prêts à payer en plus pour avoir le droit de jouer 20 minutes une map contre VeryGames ou eXtensive ? Le risque de voir apparaitre deux formules de LAN, certaines peu couteuses, mais sans tops, les autres autour des 40/45€, mais avec des tops est non négligeable.

Et si ces milliers d'euros n'avaient pas été reversés aux joueurs, mais utilisés par les organisateurs pour améliorer leurs événements : que ce soit une salle de repos, des espaces de détentes, des choix de restauration plus développés (et plus sains), des connexions Internet suffisantes pour assurer des streams ou des GoTV pour tous les matchs, l'organisation de navettes au départ des grandes villes ... Les possibilités d'améliorations sont nombreuses, les lans françaises sur CS sont régulièrement l'objet de critiques de la part des étrangers (pour être cependant complet, le prix des lans à l'étranger est également bien plus élevé, 75€/joueur pour la CPH 2013 par exemple, il est donc logique que les prestations soient plus importantes).

L'autre option est, comme la NeXeN, d'en profiter pour baisser le prix d'inscription, pour ainsi revenir à des rendez-vous plus accessibles. Après tout, a-t-on besoin de 3 ou 4 Gamers Assembly, avec ses stands et un show en France ? Si on regarde un peu en Europe, la plupart des pays n'ont au final qu'une seule lan d'importance (DreamHack en Suède, Insomnia en Grande Bretagne, CPH au Danemark...). Si la probable abscence de cashprize (ou son faible montant) semble refroidir les tops actuellement, à l'époque du circuit Cyberleagues sur 1.6, les lans étaient faiblement dotées, les équipes se déplaçant avec l'objectif d'engranger des points pour la Coupe de France et l'ESWC.

 

La DreamHack fait rêver, mais y a-t-il la place en France pour plusieurs gros événements par an ?

Plus que jamais, la France reste un modèle atypique en Europe, avec un circuit très actif, mais sans aucune lan réellement internationale, fortement dotée. Seul l'ESWC parvient à proposer des cashprizes suffisament importants pour attirer les grosses écuries internationales, mais on ne peut pas vraiment qualifier cette compétition de lan. Combien de temps "l'exception française" perdurera-t-elle ?

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