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Blog de la rédac : La bulle à l'offensive

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Même les moins assidus d'entre vous ont sans doute remarqué le nombre considérable de matchs des dernières semaines sur CS:GO. C'est simple : pas une semaine ne se passe sans une affiche de rêve comme un VG-NiP ou des confrontations à base de tags légendaires : ESC, Na'Vi, fnatic, et bien d'autres. Le nombre de compétitions, online et offline, a explosé, avec couramment des cashprizes à cinq chiffres pour les compétitions internationales. De quoi faire tourner la tête, et se demander si tout ça est bien raisonnable, si on ne va pas bientôt tous se réveiller avec la gueule de bois.

Ainsi, en quelques mois et jusque fin février, plus de 185 000 € ont été redistribués sous forme de cashprize aux différentes équipes, NiP et VeryGames se partageant à eux deux environ la moitié de cette somme. En un semestre, les meilleurs joueurs francophones ont ainsi gagné plus sur CSGO en faisant principalement des deuxièmes places que sur une année de CS Source en finissant premier !

Et ces montants ne prennent pas encore en compte les gros tournois à venir comme la CPH ou les EMS RaidCall, ces derniers à eux seuls faisant presque doubler ces 185 000 € sur l'année 2013. L'ESEA ne sera probablement pas en reste en proposant surement elle aussi au moins une nouvelle saison cette année.
 
Le graph ci-dessous est ainsi une projection du montant total des gains redistribués sur CSGO depuis la sortie du jeu, en ne comptant que les compétitions internationales avec une partie offline (et prizepool > 5000 €), passées, ou à venir.


Gains cumulés reversés aux équipes sur 2012/2013, en euros.
Cf source des données

 

Alors, qu'est-ce qui justifie une telle progression ? On observe un facteur 60 entre le début et la fin de la courbe ! Vous connaissez beaucoup d'exemples IRL qui prennent 6500% de croissance sur un an ? Il est difficile de penser qu'une telle courbe soit tenable longtemps. 

Après tout prenons un peu de recul, pourquoi un tel afflux de cash ? Certes le nombre de spectateurs sur les streams a légèrement augmenté, mais il ne faut pas oublier que malgré les grincements de dents, CSGO a fini par réunir une partie non négligeable de joueurs 1.6 et CSS, il est donc logique d'avoir plus de joueurs, et donc de spectateurs. Mais on est encore loin, très loin, du nombre de joueurs et de spectateurs d'un DotA2, League of Legends ou Starcraft 2. Comment justifier auprès d'un sponsor ou partenaire un budget conséquent pour une poignée de milliers de spectateurs là ou les "concurrents" se comptent en centaines de milliers ?

Tous ces gens sont là pour un match... de StarCraft !
La même chose pour CSGO un jour ? (Photo : Esportfrance.com)


La multiplication des compétitions et du nombre de matchs, si elle diversifie l'offre proposée aux spectateurs, divise également autant l'attention "médiatique" d'une compétition ou d'un match donné. A peine une lan terminée qu'elle est déjà remplacée par la suivante. Quid de l'exposition des structures secondaires, quand tous les soirs vous avez des matchs de NiP, fnatic, imG, ESC, VG, Na'Vi ... etc. Auparavant, certains jours de "creux" permettaient à ces structures moins connues d'avoir une exposition, même plus faible.

Quid du chevauchement de plus en plus important des compétitions ? La Cap Arena et la GeeX en France, l'ESH Birmingham et la StarLadder à l'international. Entre l'ESEA, les deux soirs de cup EMS, la StarLadder... Autant de soirées où les équipes peuvent difficilement pracc, où se pose sans arrêt la question de savoir quelles strats sortir à une semaine d'une lan majeure...
 
Le rythme des compétitions est également difficilement soutenable pour les joueurs et les structures. Au mois d'avril, une équipe bien qualifiée peut ainsi avoir trois finales à jouer (EMS RaidCall, ESEA et SLTV 5 ou ESH Birmingham). Mis à part quelques exceptions, la plupart des joueurs sont toujours étudiants ou ont un travail et ces compétitions, surtout s'il faut aller à Dallas, débordent de plus en plus du simple week-end. Les joueurs devront-il finir par choisir réellement entre les études et le jeu ?

Le coût des déplacements pour les structures est également de plus en plus impactant : envoyer cinq ou six personnes (avec le manager) à travers l'Europe, les loger pendant deux à trois jours est une dépense dépassant rapidement le millier d'euros. Une somme quasi impossible de rembourser, mis à part en finissant sur le podium... Et encore, pour les compétitions avec un cashprize autour des 10 000 €, en général la troisième place rembourse "à peine" les frais engendrés par la lan.

Alors certes, les structures ont normalement des sponsors pour couvrir les frais de déplacements et les équipes ne comptent pas sur le cashprize pour se rembourser, mais il est certain que les meilleures équipes vont être amenées à effectuer une sélection de plus en plus importante sur les événements.

Ainsi, la récente annonce de Team-VeryGames de son retrait de la StarLadder est une magnifique illustration du dilemme auquel est confronté certaines équipes.

Les créneaux disponibles dans ces agendas de ministres sont de plus en plus rares...

A l'heure actuelle 10 000 € semble être le seuil minimum à atteindre pour les compétitions espérant attirer des écuries d'envergure internationale (ESH, GeeX). 10 000 € ! Il y a a peine deux ans cette somme suffisait à faire traverser l'Atlantique aux Dynamic pour la DSRack 3. Pas de doute, entre Source et GO, le référentiel n'est plus le même.

Heureusement CSGO n'est sorti que très récemment, nous sommes donc encore clairement dans la phase de croissance importante que connait de nombreuses nouveautés et ce genre de situation n'est pas si rare. Il faut simplement espérer que soit le nombre de spectateurs continuera à augmenter suffisamment pour justifier de tels montants, soit que la course effrénée aux cashprizes ralentira "en douceur", histoire d'éviter un coup d'arrêt brutal en mode "bulle Internet".

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