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kennyS raccroche l'AWP

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On le sentait venir après l'échec du RMR, c'est désormais officiel : Kenny "kennyS" Schrub, légende du CS français et l'un des tous meilleurs joueurs de l'histoire sur Global Offensive, prend sa retraite compétitive. Même en s'y attendant, ça fait mal.

Peu de joueurs ont incarné la scène française, ses hauts, ses bas, ses succès, ses frasques, ses drames et ses déceptions comme kennyS. Dès ses débuts sur Source, on découvre un joueur vif, impulsif, immature, génial. Une inconstance qui lui coûte en début de carrière. Mais voilà, kennyS est fait d'un autre métal.

Peu importe la psychologie imprévisible ou la capacité de travail fluctuante, il est de ceux qui ont de l'or dans les mains. Ceux qui se demandent de quoi aurait eu l'air sa carrière avec un mental à la apEX manquent l'essentiel : on aimait Ronaldihno parce qu'il pouvait mettre des roulettes au Real Madrid un lendemain de soirée, on a adoré kennyS parce qu'il mettait des grands flicks à fnatic après avoir enchainé les vodka orange la veille.

Et vous pensiez que ZywOo était seul ?
50 frags en une carte, contre fnatic, la meilleure équipe du monde à l'époque.

On pourrait enchaîner avec une énième rétrospective de sa carrière, équipe après équipe, tournoi après tournoi, année après année. Mais kennyS, c'est des moments, des périodes de grâce qui succèdent aux grandes dépressions. C'est un premier pic de carrière stratosphérique, peut-être le plus haut jamais atteint par un joueur sur CS:GO, où il faisait des statistiques qui rendraient jaloux ZywOo et s1mple. Un pic au goût amer, gâché par un coéquipier frauduleux et entravé par un recrutement aux raisons douteuses.

Ce sont aussi beaucoup de larmes pour un joueur toujours à fleur de peau. Des larmes de tristesse versées sur l'autel de la cathédrale de CS:GO après une première finale de Major disputée et perdue, alors qu'il s'est écroulé individuellement sur les pavés de Cobblestone contre fnatic. Des larmes de joies lorsque, quelques mois plus tard, il remporte le Major de Cluj-Napoca en étant sacré meilleur joueur.

Le plus beau des trophées pour le plus fort des snipers

Et comment oublier que, dans le marasme des années 2016-2017, il fut le seul joueur français capable de se battre en permanence avec les meilleurs. On peine d'ailleurs toujours à expliquer que lui, enfant chéri de la communauté française, se soit vu ravir le VaKarM Award de l'année 2017 par un RpK certes sémillant, mais bien loin du magicien. kennyS est d'ailleurs le seul français à figurer dans le Top 20 HLTV cette année-là, à une belle 7ème place.

Hélas, plus le temps a passé, plus les raisons de se réjouir ont été rares. Quelques périodes chez G2 Esports où l'on a aperçu des moments de brillance passées. Une finale de Pro League à Montpellier qui l'a vu communier avec son public. Mais surtout beaucoup de promesses d'un passé révolu restées lettres mortes. La fin de carrière de kennyS, comme cellle de beaucoup de joueurs, a exacerbé ses défauts sans que ses qualités ne viennent compenser.

Piteusement écarté de G2 Esports pour être remplacé par AMANEK à l'AWP, il prend une pause nécessaire avant de réfléchir à Valorant, puis revient en tant que streamer avant de déclarer à qui veut l'entendre sa faim du haut niveau. Ce sera chez Falcons qu'il lancera ses derniers coups d'AWP, un final sans relief avec un échec lors des qualifications pour le Major de Paris, où il aura montré un niveau fantomatique.

Le crève-coeur

Quelqu'un qui aurait commencé à suivre CS:GO en 2018 ne comprendrait pas l'émotion collective ressentie au moment de l'annonce de sa retraite. Depuis cinq ans, kennyS était passé de meilleur sniper de l'histoire du jeu à une sorte de draken français, capable du meilleur, de temps en temps, comme du pire.

Pourtant, il est certainement le seul joueur qui a provoqué le nerf d'une arme à lui tout seul. Il a repoussé les limites de ce qui était possible sur CS:GO, atteint des sommets individuels alors inexplorés, tout ça avec le sourire et un petit tremblement dans la main. kennyS est un des rares joueurs reconnaissables immédiatement. Comme une roulette de Zidane ou un revers de Federer, un flick de kennyS ne ressemble à aucun autre. Que ce soit en finale de Major ou sur un stream en FACEIT, on le reconnaitrait entre mille. 


10 minutes de flicks de kennyS ? Oui merci

Alors rien que pour ça que, quand kennyS est monté sur la scène de l'Accor Arena et qu'on a compris ce qui se tramait, nos gorges se sont serrées. Dans quelques semaines, on aura oublié la fin un peu ratée et on regardera les fragmovies du joueur le plus impressionnant de l'histoire de CS:GO avec un sourire nostalgique. Parce que Kenny Schrub est et restera une légende de Counter-Strike. Merci pour tout.

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