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Accord du Louvre : ESL et Vitality nous répondent

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Avec l'officialisation toute récente de l'Accord du Louvre, ESL a frappé un grand coup dans l'écosystème de CS:GO. Pour la première fois, un organisateur de tournois et des structures esportives ont passé un pacte sur le long terme afin de pérenniser le fonctionnement économique de la scène. Les équipes concernées sont assurées de participer à un nombre régulier de tournois, tandis qu'ESL garantit ainsi la présence des meilleures lors de la majorité de ses événements, notamment la Pro League. Et les revenus générés sont partagés entre tout le monde.

Pour en savoir un peu plus sur ce système, sa genèse et son fonctionnement, nous avons pu interviewer deux personnes, une de chaque côté du deal. D'abord, David Neichel, le Français co-directeur général d'ESL. Ensuite, Nicolas Maurer, directeur général de Vitality, seule organisation française à avoir signé l'Accord du Louvre.

David Neichel : "Il n'est pas demandé aux équipes de payer pour obtenir un slot"

Depuis quand sont entamées les négociations pour l'Accord du Louvre et cette nouvelle formule impliquant directement un certain nombre d'équipes ?

Les discussions ont débuté en octobre 2018 pour être précis. Le dialogue avec les équipes et les joueurs est ancien et constant. C'est par exemple dans le cadre de la WESA, association qui regroupe déjà de nombreuses équipes CS:GO et ESL, que la première ESL Pro League est née il y a 5 ans.

Pourquoi ressentir le besoin d'un changement maintenant, après 10 saisons et 5 ans de Pro League, et 8 ans après la sortie de CS:GO ?

Le format de la Pro League avait déjá été amélioré une première fois en 2018. C'est important de toujours continuer à innover et proposer de nouveaux formats. Mais ce n'est un secret pour personne que le calendrier chaotique de l'écosystème CS:GO ne permet pas aux équipes, aux joueurs ou aux partenaires de travailler de façon durable et d'assurer une stabilité financière pour la scène esport.

C'est ce qui a poussé les meilleures équipes du monde ainsi qu'ESL à se réunir pour créer ensemble un nouveau cadre pour CS:GO, permettant une vision à long terme pour les équipes, un partage des revenus et des profits et une extension aux autres compétitions CS:GO dans le cadre de l'ESL Pro Tour.


Passé par EA, Activision ou le Syndicat des éditeurs des logiciels de loisir (SELL),
David Neichel est aujourd'hui co-directeur général d'ESL

Quelles sont les modalités pour les équipes faisant partie de l'accord ? Ont-elle par exemple dû s'acquitter d'un coût, ont-elles obligation de participer à un certain nombre de tournois ESL ?

Aucun ticket d'entrée n'est demandé, contrairement aux systèmes de franchises fermés.

Parmi les 24 équipes qui vont participer, il faut distinguer les 13 équipes qui ont choisi d'être partenaires de la Pro League, et les 11 autres. Les 13 équipes qui sont partenaires majoritaires de l'Accord du Louvre auront un rôle clé dans l'évolution du format, bénéficieront d'un partage des revenus et profits et par conséquent s'engagent à participer à un certain nombre de tournois.

Mais c'est un système ouvert dans la mesure où les autres 11 équipes se qualifient soit sur la base de leur classement mondial pour une part, soit pour deux d'entre elles via la Mountain Dew League, qui est la porte d'entrée amateur du tournoi. Il n'y a pas d'obligation de participation à un certain nombre de tournois pour ces équipes bien sûr.

Qu'est-ce qui leur a été garanti, d'un point de vue économique, en échange de leur participation ?

L'Accord du Louvre garantit un partage des revenus et profits de la compétition pour les équipes partenaires. Nous avons d'ailleurs publié une partie de l'accord par souci de transparence.

Que se passera-t-il si une des équipes partenaires enchaîne les mauvais résultats et les saisons en bas de classement ? Pourrait-elle être remplacée en cas de mauvaises performances trop récurrentes ?

Les équipes partenaires se sont engagées sur trois ans renouvelables. Je pense qu'elles vont toutes faire le maximum pour garder un excellent niveau compétitif et en profiter en tant que partenaire en retour.

Si toutefois une équipe finit trois fois dernière du classement sur quatre saisons, il existe une procédure d'exclusion de l'accord.


La Pro League est au coeur de ce nouveau système

Ce système rappelle celui des franchises, est-ce le moyen le plus sûr financièrement parlant pour les organisateurs et les équipes ? Est-ce le format amené à devenir central dans l'esport ?

L'ESL Pro League est un système ouvert et il n'est pas demandé aux équipes de payer pour obtenir un slot. Nous croyons à une approche collaborative permettant de regrouper les intérêts de chacun : produire la meilleure compétition possible pour les fans, et travailler de façon rapprochée entre les joueurs, les équipes, les organisateurs, les partenaires et les éditeurs. Les approches visant à privatiser une compétition à des fins purement financières ou autour d'un seul acteur de la chaîne ne sont pas le format d'avenir à mon avis. 

Chez ESL, nous pensons qu'il est important de développer tout l'écosystème, du niveau amateur au niveau professionnel, du niveau local au niveau mondial. Notre mission, c'est de faire de l'esport le plus grand sport de la planète (rien que ça).

Avez-vous eu des contacts avec Valve, qui s'était opposé l'an passé aux contrats d'exclusivité des ligues, concernant ce projet ?

Valve a donné son approbation pour le format de compétition prévu par l'Accord du Louvre. Nous travaillons régulièrement de façon proche avec Valve et cet échange est essentiel pour le développement de la scène esport sur CS:GO.

 

Nicolas Maurer : "Construire la ligue majeure de l’écosystème CS:GO,
capable de générer des revenus importants pour toutes les parties"

La structure a-t-elle dû choisir entre ESL et FLASHPOINT, l'autre grande ligue concurrente en train de se monter ? Si oui, pourquoi avoir finalement opté pour ESL ?

La signature de l’accord avec ESL (Accord du Louvre) est le résultat de plus d’un an de discussions avec toutes les parties prenantes ; en tant qu’équipe majeure, tous les organisateurs de tournois souhaitent que nous participions à leurs compétitions. Pour nous l’objectif a toujours été clair : s’engager sur le long terme, avec un accord sain, et faire partie de la meilleure ligue. Toutes les conditions sont aujourd’hui réunies avec cette nouvelle forme de l’ESL Pro League, avec toutes les top team mondiales autour de nous.

Y a-t-il eu un coût d'entrée à payer pour faire partie du projet ?

L’approche retenue n’a pas été celle d’une ligue avec un buy-in initial. En réalité, le coût d’entrée est celui que nous payons déjà pour faire partie du top niveau mondial sur CS. Salaires des joueurs, encadrement, infrastructures, etc. Toutes les équipes partenaires de l'Accord du Louvre investissent énormément sur leur équipe CS.


Nicolas Maurer, directeur général de Vitality

Quelles ont été les garanties économiques avancées par ESL en contrepartie de la participation à ce nouveau projet ?

L’approche est double : un système de partage des revenus et des profits de la ligue, ainsi que des minimums garantis (MG) annuels. Ces MG sont une sécurité et une garantie de l’investissement d’ESL envers la réussite de la Pro League – mais l’objectif est d’aller bien au-delà et de construire la ligue majeure de l’écosystème CS:GO, capable de générer des revenus importants pour toutes les parties (joueurs, équipes, ESL).

Y a-t-il eu une consultation réalisée avec d'autres structures esportives (Astralis, fnatic, Liquid, etc.) pour défendre vos droits et volontés et peser collectivement face à ESL ?

Nous échangeons en permanence avec les autres top teams, et ce sur tous les jeux majeurs – CS n’y fait pas exception. Nos intérêts sont globalement alignés : que CS continue à grandir et à fédérer un maximum de joueurs et de spectateurs, de manière pérenne sur le long terme. Ensuite chaque équipe peut avoir des spécificités ou des approches particulières ; mais cela reste plus efficace de discuter de manière groupée avec ESL afin de trouver ensemble un accord qui construit le futur de CS dans la bonne direction.

Pour une structure comme Vitality, quels sont les avantages d'un système de ce type, comparé à l'écosystème qui était jusque-là en place sur CS:GO, sans accord avec les organisateurs ?

C’est le jour et la nuit. On sait où on s’engage, on est entourés des meilleures équipes et de l'organisateur de tournois historique qui met sur pied des événements incroyables comme Cologne & Katowice – à nous maintenant de construire tous ensemble le meilleur produit possible pour CS !

Et au contraire, y a-t-il des inconvénients ou une pression supplémentaire à s'engager dans un système de ce type ?

On écrit noir sur blanc qu’on est là pour de nombreuses années et qu’on va investir lourdement pour être au plus haut niveau ! Il y a une sorte d’accord moral avec toutes les équipes signataires : personne n’est là juste pour participer, tout le monde doit tirer la ligue vers le haut.


13 structures sont engagées dans ce projet aux côtés d'ESL

Les joueurs de l'équipe CS:GO ont-ils été consultés quant à la participation à ce projet, ou le choix de la ligue à laquelle participer ?

On parle régulièrement à nos joueurs de ces sujets, leur intérêt est au coeur de nos priorités car ils sont les acteurs principaux de la compétition sur CS:GO. Il me semble qu’aujourd’hui tout le monde est bien conscient du besoin de construire un écosystème pérenne et de la recherche d’initiatives saines et équilibrées pour arriver à cet objectif.

Merci à ESL et David Neichel, ainsi qu'à Vitality et Nicolas Maurer pour leurs réponses.

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