Difficile d'exister en France en 2014 derrière Titan et Team-LDLC. L'ESWC offre deux places aux formations françaises, et elles semblent déjà promises à ces deux mastodontes. Qualifié pour l'ESWC.fr, Platinium va bien tenter de résister, mais un double revers logique face à LDLC l'a fait rester à sa place de troisième meilleure équipe de France et la prive de Coupe du monde.

Mais le destin est parfois facétieux. Au dernier moment, l'équipe algérienne d'E4US déclare forfait. Forts dépourvus quand la nouvelle fut venue, les organisateurs doivent trouver un remplaçant. Platinium est toujours sur place et logiquement, ayant terminé au pied des deux premières places qualificatives, le slot lui est donné.

Voilà donc l'équipe de matHEND et Storen en lice dans la poule de la mort avec Titan, Ninjas in Pyjamas et HellRaisers. Autant d'occasions de se confronter au très haut niveau pour une jeune structure qui n'a rien à perdre. D'emblée, elle n'est ridicule ni contre HR, ni contre Titan, malgré deux défaites 16-12 et 16-8. La pression est sur les autres, notamment sur les NiP, vainqueur du dernier Major à l'ESL One Cologne à la surprise générale, alors que l'équipe traverse sa période la plus délicate depuis deux ans. L'ESWC est l'occasion parfaite pour se relancer définitivement et après deux victoires aux deux premiers matchs, ce n'est pas un repêché qui va effrayer les ninjas. Bien mal leur en prend.

Derrière un duo Fuks – matHEND en feu, les Platinium concluent leur side CT sur Cbble avec huit rounds avant d'enchaîner en terroriste sur la même voie. Les Suédois sont dépassés, ni f0rest ni GeT_RiGhT n'arrivent à élever leur niveau de jeu. La fougue et la folie des Français finissent de tout emporter après 26 rounds, 16-10, l'exploit est dans la poche. Battre NiP en lan, voilà ce dont peuvent se targuer ces cinq joueurs aujourd'hui.

Et si l'on pousse le bouchon un peu plus loin, peut-être que cette line-up a fait beaucoup plus. Car après cette défaite totalement inattendue, NiP lâchera tout et perdra contre HR avant de se faire exploser 16-1 par Titan. La formation scandinave est sortie dès les poules et, trois jours plus tard, Fifflaren annoncera son départ de la line-up, mettant ainsi fin à l'une des équipes les plus dominantes de l'histoire de Counter-Strike. De là à dire que tout cela est arrivé à cause, ou grâce à Platinium, il y a évidemment un très grand pas. Cette défaite en Bo1 n'explique pas tout, loin de là. Mais les plus taquins noteront la coïncidence. Tout le monde a poussé pour faire tomber NiP. Platinium a mis la dernière pichenette qui a tout fait basculer.

Côté français, l'exploit, bien que fou, restera anecdotique en terme de résultats. Ils perdront leurs deux dernières rencontres, terminant avant-derniers de leur poule, juste devant les KabuM! d'un certain FalleN. Mais l'important n'est pas vraiment là. En gagnant contre NiP au cours d'un tournoi auquel ils n'étaient même pas censés participer, les Platinium ont gagné le droit d'être à jamais dans l'histoire du CS français. Et peut-être aussi dans les cauchemars du CS suédois.