Celui qui a posé les premières briques de la construction du jeu de FaZe n'avait pratiquement plus fait parler de lui depuis quatre ans. Un silence quasiment ininterrompu entre deux informations, la première signalant la fin de l'équipe SK Gaming en juillet 2012, et la seconde annonçant l'arrivée de RobbaN en tant que coach chez FaZe Clan en février 2016. Autant de jours passés loin de Counter-Strike pour l'un des joueurs les plus fidèles de la scène suédoise.

Ce n'est pas celui qui a le palmarès le plus garni, mais RobbaN a largement de quoi se défendre. Apprendre qu'il remportait déjà des lans en 2003 (la NattCup Invite #8), cela donne une idée de l'expérience du monsieur. Préciser qu'il a accompagné une légende telle que f0rest dans son son premier tournoi international, les World e-Sport Games 2005 S2, un mois entier en Corée du Sud, cela permet de renforcer encore la légitimité du joueur.

La saison 2 des WEG est l'un des meilleurs souvenirs de ma carrière. On avait une super équipe, avec une bonne alchimie entre joueurs. f0rest, Tentpole et moi, on jouait ensemble depuis longtemps avant Begrip, alors on se connaissait très bien. On avait une pièce à l'hôtel avec cinq PC, on pouvait se préparer parfaitement avant chaque match. IsKall et Calippo étaient de bons gars à avoir dans l'équipe aussi, on s'entendait bien en jeu et en dehors. Pour moi, à l'époque, c'était énorme d'aller en Corée du Sud, avant ça je n'étais sorti qu'une fois de la Scandinavie, j'étais vraiment excité d'y aller. C'était très amusant, et gagner le tournoi a été fou. L'un de mes souvenirs les plus heureux sur CS, si ce n'est le meilleur. Tentpole, RobbaN, f0rest, Calippo et IsKall sous les couleurs de Begrip, en 2005

Et si on ajoute que RobbaN a aussi joué avec littéralement tous les grands noms de son pays (GeT_RiGhT, HeatoN, walle, SpawN, zet, Delpan et tellement d'autres), qu'il peut se vanter d'être l'un des rares à avoir porté le maillot Ninjas in Pyjamas, qu'il est resté plus de cinq années chez SK Gaming (!), définitivement, tout cela impose le respect. Tout ce qu'il lui aura manqué, finalement, c'est une accumulation de grands titres. Un seul Major s'offrira à lui, l'ESWC 2011, le dernier sur 1.6, pour trois défaites en finale, aux WCG 2006 (contre kuben) puis 2008 (contre zonic), et à l'ESWC 2010 (contre starix). Mentionnons toutefois son impressionnant total de cinq quatrièmes places en six éditions des IEM, le chocolat avait intérêt à être bon.

Malgré tout, il aura aussi réussi à décrocher quelques jolies victoires ailleurs, comme à la DH Summer 2006 ou encore lors de trois étapes IEM, entre 2008 et 2011, à Los Angeles, Chengdu puis New York. Et si cela ne vous a toujours pas convaincu, alors sa sixième place au classement des joueurs ayant gagné le plus d'argent sur 1.6 le fera peut-être : oui, RobbaN est bien un très grand joueur de jeu vidéo.

Après avoir commencé à se faire un nom chez lui avec Embrace, en compagnie de f0rest et Tentpole, il explose véritablement chez Begrip, ce qui lui permet d'être repéré et recruté par NiP au cours de l'année 2006. Suivront six mois plus souvent remplis de succès que d'échecs aux côtés d'HeatoN puis de SpawN, ce qui n'empêchera pas son départ vers SK Gaming au cours de l'année suivante. Le début d'une formidable aventure.

Il résistera à tout. Aux échecs à répétition lors des tournois les mieux dotés, l'équipe accumulant les places d'honneur sans jamais, à une exception près, réussir à décrocher le Graal ; aux rumeurs de départ qui le voyaient déjà dehors après une histoire de salaires non payés, mais qui verront finalement partir Tentpole ; à la rivalité sur la scène nationale avec fnatic, nombre de joueurs alternant entre les deux formations quand lui ne bougera jamais ; à tous les changements de joueurs, toutes les arrivées, tous les processus d'intégration à refaire encore et encore.

RobbaN sera là jusqu'au bout, lorsque SK annoncera la fermeture de sa section Counter-Strike à l'été 2012. Cinq ans passés dans une des structures les plus emblématiques du jeu : pas sûr que quelqu'un d'autre ait déjà fait mieux. Tous les regards sont dorénavant tournés vers CS:GO, sauf celui de notre homme. Il le dira en interview, il n'aimait pas ce nouveau jeu, le trouvant bugué et ennuyeux. Une pause s'impose. Il quitte tout et prend la route d'une nouvelle vie.

Jusqu'à ce qu'une blessure au dos le force à devoir rester chez lui, quelques années plus tard. Comme tout bon joueur de jeu vidéo, il passe une bonne partie de ses journées devant l'écran, à faire passer le temps. Il redécouvre Counter-Strike. L'envie est revenue. De jouer, et surtout d'être en compétition avec d'autres.

Plusieurs bruits courent quant à son possible retour. Avec tous ses anciens contacts, RobbaN discute, écoute, observe. Un jour, Maikelele vient lui parler. Il lui explique la situation de FaZe, qui regroupe cinq brutes de skill à qui il manque un chef d'orchestre. De fil en aiguille, RobbaN s'implique de plus en plus dans ce projet, jusqu'à en devenir officiellement le coach, début 2016. Les débuts ne seront pas évidents, la communication en anglais, les changements de joueurs fréquents et les règles de Valve limitant le rôle des coachs n'aidant pas à mettre en place quelque chose de construit.

L'arrivée de karrigan dans la line-up fin 2016 lui permettra de trouver un vrai relais au cœur même des cinq acteurs. Entre leaders-in-game, les choses sont tout de suite plus faciles. Aujourd'hui, et encore plus depuis l'arrivée de NiKo, FaZe a les moyens d'aller bousculer les tout meilleurs, elle l'a prouvé le week-end dernier aux finales StarLadder. Et si RobbaN est aussi fidèle au poste qu'il l'a été avec SK, il risque d'y être pour quelque chose pendant encore un bon moment.